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Revue du Web des devises 31/05/2018 : L’euro toujours en baisse sur fond de crise italienne

L’euro n’est pas prêt de remonter la pente ! La situation politique italienne inquiète pour le moins les marchés financiers et grève la monnaie unique. Inquiets, les investisseurs préfèrent ainsi se tourner vers des valeurs refuges comme le franc suisse ou le yen. Quant au dollar, il continue sa hausse. Voici notre revue de presse du Web des devises de la semaine.

Devises: l’euro remonte alors que l’Italie se dirige vers de nouvelles élections 

Ce lundi, la chute de l’euro semble s’être arrêtée. Après avoir connu un léger rebond la semaine dernière, la monnaie unique oscillait autour de 1,17 dollar. Pour ZoneBourse.com, qui relayait une news AWP/AFP, « L’euro remontait un peu face au dollar lundi alors qu’en Italie un ancien du FMI, Carlo Cottarelli, incarnation de l’austérité budgétaire, est pressenti pour former un gouvernement technique avant la tenue de nouvelles élections après le renoncement de Giuseppe Conte ». L’euro était ainsi à 1,1667 dollar contre 1,1651 dollar vendredi fin de journée.

Pour Boursorama.com, « L’euro se reprend face au dollar mais les inquiétudes demeurent ». 
Dans ce relai d’une news Reuters, cette reprise est ainsi expliquée : « L’euro s’est repris face au dollar lundi en Asie après avoir atteint la semaine passée son niveau le plus bas en six mois et demi sur fond d’inquiétudes italiennes. Après être tombé vendredi à 1,1646 dollar, l’euro s’échangeait vers 03h30 GMT à 1,1714 dollar (+0,52%)EUR. » Et de préciser que cette remontée se heurte malheureusement à la situation politique italienne. Mais il y a d’autres facteurs qui expliquent cette inquiétude sur la zone euro et qui risquent de faire persister l’euro dans une tendance baissière : « « La zone euro est également confrontée à une inflation faible et à un ralentissement de la croissance, ce qui limite la progression de l’euro et le laisse vulnérable à de nouveaux risques baissiers », ajoute-t-il»
Mardi, ZoneBourse.com titrait « L’euro en baisse face au dollar, pénalisé par l’Italie ». La devise européenne tombait même sous la barre des 1,16 dollar, 1,1577 dollar. Les marchés semblent ainsi très inquiets de la situation en Italie : en effet, de nouvelles élections seraient prévues fin 2018 ou début 2019.Et le président ne souhaitait pas nommer un ministre des Finances eurosceptique, alors même que le Mouvement 5 étoiles et la Ligue du Nord sont clairement opposés à l’Europe. Ces élections risquent ainsi de voir les eurosceptiques soutenus… et de précipiter l’Italie hors de l’UE : « Alors que les marchés avaient initialement bien pris le veto présidentiel à un ministre des Finances eurosceptique, faisant éclater la coalition entre la Ligue (extrême droite) et le M5S (populiste), plusieurs analystes ont souligné mardi que cette décision pourrait transformer le futur scrutin en referendum pour ou contre l’Union européenne. »
« Devises : l’euro décroche vers les 1,15$ » c’est le titre d’un article Boursedirect.fr ce mardi 29 mai également. Ainsi, « En fin de matinée, l’euro perd près de 0,9% face au dollar, à 1,152$ entre banques, au plus bas depuis novembre 2017 ». Là encore, l’article évoque la grave crise politique italienne à l’issue de laquelle un Italexit pourrait survenir : « « Les prochaines élections vont ressembler, de facto, à un référendum sur l’Union européenne et sur l’euro », estime Francesco Galietti, du cabinet d’études Policy Sonar à Rome. « C’est une menace pour l’existence même de la zone euro dans son ensemble ». »
Néanmoins, « L’euro se reprend face au dollar après avoir chuté la veille » titrait Romandie.com dans le relai d’une news AWP/AFP. Après avoir plongé la veille, la monnaie unique s’échangeait à 1,1599 dollar, contre 1,1540 dollar mardi en fin de journée et 1,1625 dollar lundi en fin de journée. Bien sûr, la crainte de nouvelles élections italiennes engendre un climat de défiance de la part des marchés : « « Les craintes d’élections anticipées et d’une future politique anti-européenne en Italie sont réelles et entraînent une perte de confiance », ont expliqué les analystes de Commerzbank, au lendemain d’une rude journée pour l’euro et les places boursières. »Le nouveau gouvernement italien devrait seulement faire office de gouvernement de transition qui sera en charge des menues affaires. Cette situation politique italienne pourrait d’ailleurs pousser la BCE à revoir sa politique monétaire : « Pour les analystes, la Banque centrale européenne (BCE), qui prévoyait de mettre fin à son vaste programme de rachats d’actifs en septembre, va peut-être une nouvelle fois revoir sa stratégie et donc repousser sa normalisation monétaire. » Et sans hausse, point de salut pour l’euro : en effet, une hausse des taux rendrait la devise unique plus rémunératrice. Malgré que l’Allemagne ait enregistré un nouveau plus bas historique concernant les chiffres du chômage, « dans ce contexte d’incertitudes, « les données économiques positives ne seront pas suffisantes », ont averti les analystes de Commerzbank ».

Comment faire face à l’irrésistible montée du dollar
C’est un article des Échos du jeudi 24 mai qui revient sur la montée en force du dollar et les conséquences que cela entraîne sur les économies d’autres pays, notamment ceux émergents, et cite le cas de l’Argentine en exemple : « Le gouvernement du président argentin Mauricio Macri a demandé un prêt au FMI dans l’espoir de mettre un coup d’arrêt à la dégringolade du peso, qui pousse les taux d’intérêt à la hausse, menace les réformes et va ralentir l’économie. Ce revers de fortune tient en partie à la récente appréciation du dollar – un processus qui devrait s’accélérer, car la situation monétaire et le différentiel de croissance entre les deux pays jouent en faveur des États-Unis. » La FED est l’une des rares banques centrales qui ont entrepris une normalisation de sa politique monétaire, poussée par des indicateurs de croissance économique encourageants. Or les autres pays n’ont pas pu suivre la tendance : « Tandis que le dollar s’appréciait sur les marchés internationaux, ces pays ont vu leur compétitivité s’éroder et leurs comptes courants se détériorer. Les flux de capitaux sortants (qu’ils soient potentiels ou réels) ont contraint les banques centrales à relever leurs taux d’intérêt locaux, ce qui a augmenté les pressions économiques sur leurs entreprises. »Et l’auteur de l’article de conclure : « Il faudrait une meilleure coordination internationale, notamment pour éviter ou briser les cercles vicieux. Le FMI a un rôle important à jouer, car il pourrait être confronté prochainement à une hausse des demandes de financement. De toute évidence il est préférable de prendre toutes les mesures de prévention nécessaires, plutôt que de risquer une crise qui sera difficile à résoudre. »

La hausse du dollar pèse sur les cours du pétrole
Mais ce n’est pas la seule conséquence de la hausse du dollar. Dans un article du mardi 29 mai,
Boursorama.com, dans une news AOF, rapportait comment la remontée du dollar pèse sur le pétrole : « Au rebond de plus de 0,4% ce matin, les cours du baril de pétrole ont nettement réduit leurs gains à mesure que le dollar s’appréciait. Ils s’appréciaient de 0,05% et 0,2% pour le Brent et le WTI respectivement en fin de journée. Libellés en dollar, les achats de pétrole par les investisseurs munis de devises étrangères se renchérissent quand la devise de référence s’apprécie. »

La devise suisse descend sous 1,15 franc pour un euro
C’est un espoir de courte durée qui a animé le franc suisse, que la Banque nationale suisse, la BNS, tente par tous les moyens de ne pas laisser s’apprécier, puisqu’une monnaie forte a pour effet de plomber l’exportation. Si mardi matin, la monnaie helvétique passait sous les 1,15 franc d’après le site
AllNews.ch, dans l’après-midi, elle repassait la barre des 1,15 euro. Inquiets face à la situation italienne, les marchés se sont tournés vers des valeurs refuges telles que le franc suisse : « «Les investisseurs ont vendu la monnaie unique (européenne) pour se réfugier dans des devises considérées comme sûres», à l’instar du yen et du franc, ont indiqué les analystes de Swissquote dans une note. »

D’ailleurs, un article de Lematin.ch expliquait, dans un article du 28 mai, que « La monnaie suisse retrouve son rôle de valeur refuge alors que l’Italie est empêtrée dans une nouvelle crise politique à l’issue incertaine. Peu après midi, la devise helvétique s’échangeait à 1,1557 franc pour un euro, un niveau inédit depuis début mars ». Et compte tenu de la situation européenne comme internationale, il y a peu de chance que le franc suisse reparte à la baisse de sitôt.

Chine. L’offensive internationale du yuan
On se souvient : en 2016, le yuan faisait son entrée officielle dans le panier de devises du Fonds monétaire international. Depuis, il a fait du chemin. Dans cet article de
L’Humanité, on apprend ainsi que « Quatorze pays d’Afrique étudient la possibilité d’utiliser la devise chinoise comme réserve de change ». Même si le yuan ne fait pas encore le poids face au roi dollar, il en égratigne discrètement la couronne, remettant en question son hégémonie : « Le yuan chinois est-il en passe de remplacer le dollar comme monnaie de référence internationale ? Le chemin est encore long – 63,5% des réserves en devises des banques centrales mondiales restent constituées en dollar, 20% en euro et seulement 1,1% en yuan – mais l’ambition est claire. Signe des temps, soixante pays ou régions utilisent déjà le yuan comme monnaie de réserve contestant ainsi l’hégémonie de la devise nord-américaine. »

Le renforcement du yen pèse fortement sur Tokyo
En temps de crise, les marchés se tournent vers des valeurs refuges, comme le franc suisse… mais aussi le yen. Cela a pour effet de le faire s’apprécier. Mercredi 30 mai, IG.com titrait justement « USD/JPY : le yen fortement acheté ». On pouvait y lire que « Le yen reste une des valeurs refuges privilégiées des investisseurs et les craintes politiques en Europe ont poussé les marchés à se tourner à l’achat sur cette monnaie ».

Une appréciation qui a des effets négatifs sur les entreprises japonaises et pèse ainsi sur la Bourse de Tokyo, comme en témoigne l’article AllNews.ch du mercredi 30 mai : « Ces mouvements des monnaies, défavorables aux entreprises japonaises commerçant aux États-Unis ou en Europe, ont affecté le secteur automobile (Toyota -1,93 % à 6841 yens, Nissan -2,11 % à 1085 yens, Honda -3,30 % à 3418 yens) ou encore électronique (Hitachi -2,43 % à 794,4 yens, Fujitsu -1,33 % à 664,5 yens, Konica Minolta -3,16 % à 978 yens). »


Le dollar canadien pourrait reculer à 0,70 $US
Le dollar canadien est toujours en difficulté, si l’on en croit l’article de
TVAnouvelles.ca en date du lundi 28 mai : « Le dollar canadien pourrait poursuivre sa descente par rapport à la devise américaine jusqu’à 0,70 $ US dans la prochaine décennie, prévient un rapport de la Banque CIBC.Faible croissance des exportations et de la capacité industrielle, le Canada aurait fait piètre figure depuis le début des années 2000. »