En début d'année, la monnaie européenne valait encore 1,15 dollars; un chiffre se rapprochant de son taux initial lors de son introduction sur le marché. Cependant, cette dernière semaine l'échange dollar-euro s'est rapproché au plus près de la parité; une première depuis 20 ans. Plusieurs facteurs viennent influencer ce taux de change: La politique monétaire des pays, la hausse des prix de l'énergie et la montée de l'inflation.
1. LA POLITIQUE MONÉTAIRE DES PAYS
Aux États-Unis, la Fed (Banque centrale américaine) est déterminée à augmenter les taux d'intérêts pour combattre l'inflation. De son côté, la BCE ne peut pas être aussi agressive sans mettre à risque les pays européens du Sud. La présidente de la BCE Christine Lagarde a annoncé une première hausse des taux d'intérêts seulement à partir de juillet.
La politique monétaire plus agressive des États-Unis donne donc plus de poids au billet vert.
2. LA HAUSSE DE L'ÉNERGIE
L'Europe est beaucoup plus touchée par la crise énergétique dûe à sa forte dépendance au gaz russe. Ceci engendre des problèmes avec la production industrielle pour les exportations qui viennent s'ajouter aux problèmes de la chaîne d'approvisionnement de ces 18 derniers mois. Résultat: un pays orienté vers l'exportation comme l'Allemagne vient d'avoir son premier déficit de balance commerciale depuis de nombreuses d'années.
En vue de cette pénurie de gaz, l'Europe est amenée à faire des choix difficiles. Le gouvernement allemand a récemment laissé entendre que si le rationnement de gaz venait à passer, il continuerait à alimenter les ménages allemands au dépend de son industrie. Ainsi, la hausse du prix de l'énergie implique non seulement une hausse du coût des importations, mais également une diminution possible de la production manufacturière et des exportations.
La crise énergétique diminue la perspective d'une continuité de la croissance en Europe dans le regard des investisseurs.
3. L'INFLATION GRIMPANTE
De manière générale, les politiques européens accueillent favorablement une monnaie plus faible, car elle aide à augmenter les exportations en diminuant le coût sur les marchés internationaux.
"Souvent, les gens regardent un euro plus faible et disent que c'est bon pour les exportations," Jennifer McKeown, responsable du service d'économie mondiale chez Capital Economics, "Mais en ce moment, c'est plutôt considéré comme négatif. Cela ajoute à la pression inflationniste en termes d'inflation importée, ce que la BCE ne veut vraiment pas."
Si un euro faible peut avoir quelques impacts positifs sur l'économie, en revanche les salaires des français ne suivent pas, et suivent encore moins la hausse des prix de produits de tous les jours. De plus, une monnaie faible peut provoquer une hausse de l'inflation dûe à la hausse des coûts des importations--surtout pour l'énergie. Cela devient donc un problème quand l'inflation dans la zone euro atteint actuellement 8,6%; surtout quand les énergies et les matières premières sont souvent achetées en dollar.
La BCE reste prudente face à cette montée d'inflation, choisissant de monter les taux d'intérêts d'une manière plus douce que d'autres banques centrales comme la Fed. Christine Lagarde décrit ce choix comment "permettant d'évaluer l'impact de nos décisions sur les perspectives d'inflation au fur et à mesure, ce qui peut être une stratégie prudente en période d'incertitude."
Cette approche reflète le coût économique que la guerre en Ukraine porte sur l'Europe, qui dépend des importations énergétiques russes. Les inquiétudes restent quant à la pression qu'exercent les coûts d'emprunt plus élevés sur les économies fragiles et très endettéees du sud de l'Europe comme l'Italie et l'Espagne.
La BCE aura donc du mal à resserrer sa politique monétaire pour lutter contre l'inflation galopante sans aggraver la situation économique.
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Gardez un œil prudent sur le cours et pensez à acheter des dollars quand vous pensez que le taux est au mieux!